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Liban et Israël - relations frontalières

Liban / Israël : une frontière et des relations complexes

Liban drapeau

Capitale :
Beyrouth

Population :
3,5 millions (est. 2004)

Langue officielle :
arabe
Liban sud - Frontière entre Liban et Israël
Israël drapeau

Capitale :
Tel Aviv

Population :
6 933 100 (2005)

Langues officielles :
hébreu et arabe


Liban - Israël : quelques rappels historiques...
 

Les relations frontalières entre le Liban et Israël suivent l'évolution plus large des relations israélo-arabes au Proche-Orient. Après la chute de l'Empire Ottoman (1923) qui avait fait le choix de soutenir l'Allemagne lors de la Première guerre mondiale en 1914, les puissances coloniales de l'époque (la France et le Royaume-Uni) ont tôt fait de découper les espaces de la Palestine et du Liban jusqu'alors parties intégrantes de l'Empire Ottoman. Le Liban comme Israël ont aujourd'hui une frontière commune. Ils sont tous deux voisins de puissances régionales comme la Syrie ou l'Egypte et ont des dimensions modestes au niveau géographique comme en témoigne la carte du Liban et d'Israël.
Cette partie du Proche-Orient a été placée sous Mandat Franco-Britannique par la Société des Nations, c'est alors la période du Protectorat. Palestine et Liban, mais aussi Syrie et Jordanie se retouvent sous administration des deux puissances européennes. La France administre le Liban et la syrie, le royaume-Uni la Palestine et la Jordanie.
Israël n'existait pas encore, mais dès 1917, avec la déclaration de Lord Balfour, la question d'un "Foyer national pour le peuple juif" envoie un signe fort aux sionistes et commence à agiter les consciences de cette région. Au-delà de cette déclaration qui vient en réponse aux pressions des organisations sionistes de l'époque, les premières migrations (Aliya) de populations juives venues d'Europe se produisent. Il s'agit dans de nombreux cas de fuir la montée de l'antisémitisme qui prend la forme de Progroms et de discriminations. Le retour vers la "Terre sainte" engendre ici ou là quelques tensions dès lors que la pression démographique et la question de l'achat de terres prend une dimension plus visible et politique. (Pour aller plus loin consultez la partie Travaux et publications).
Par la suite, le monde prend la mesure de la politique d'extermination du régime nazi dont des millions de juifs d'Europe, de tziganes et de prisonniers politiques... ont été les victimes. La Shoa et le génocide organisés par l'Allemagne nazie engendrent, bien tardivement, la prise de conscience en Europe et dans le monde de ce que représente l'antisémitisme. L'Europe et plus largement la communauté internationale entérinent l'idée de la création d'un "Etat pour le peuple juif". En 1947, Israël est officiellement créé sous l'égide de l'ONU. La Palestine se retrouve partagée, des frontières très rapidement constestées sont imposées. Le Liban devient frontalier non seulement de la Palestine, mais aussi d'Israël.
Avec les multiples conflits (guerre de 1947-1949, guerre du sinaï de 1956, 1967, 1973,1978,1982, 1987...) qui éclatent au cours des 60 dernières années entre arabes et juifs israéliens, le Liban est littéralement pris au piège. L'hétérogénéité de sa population aux identités si diverses et plurielles ne résiste pas longtemps aux tensions et pressions internes et externes. Le territoire libanais devient le terrain de conflit entre Israéliens, Palestiniens, Syriens... mais au-delà les grandes puissances occidentales d'alors, les deux "grands" (américains et soviétiques) contribuent à alimenter le conflit. Le Liban se retrouve pris dans une guerre civile particulièrement meurtrière. (voir la chronologie de la guerre civile libanaise). L'Etat libanais est mis à mal, sa souveraineté réduite presque à néant, ses frontières transgressées, son territoire envahi, sa population divisée, saignée, appauvrie. La pays en ressort exhangue et amputé d'environ 10 % de son territoire, occupé jusqu'en mai 2000 par Israël. La Syrie joue le rôle de "tutelle politique" et de "garante" qui place de fait le Liban sous son influence comme le sous-tendent les Accords de Taëf (1989)...

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La guerre civile libanaise
 

La guerre civile libanaise va commencer à la suite d'une série d'évènements qui vont contribuer à déstabiliser ce pays composé d'une pluralité de groupes socio-culturels, religieux et politiques. Jusqu'ici, l'hétérogénéïté du Liban constituait une richesse pour ce petit pays qui rassemble sur son sol des dizaines de confessions religieuses et autant de cultures, rassemblées dans un état confessionnel. Les différents groupes confessionnels sont éparpillés sur l'ensemble du pays, dans les zones montagneuses et les plaines.

Attention !


-- Avis devant accompagner cette carte --

Cette carte n'est qu'une projection d'estimations qui restent aléatoires dans la mesure où il y a au Liban beaucoup de mouvements de populations, tant durant la guerre civile qu'après. De plus, il n'existe pas de recensements officiels sur les différentes communautés que rassemble le pays. Il s'agit bien souvent d'estimations et de projections. Il faut donc utiliser et regarder cette carte avec distance et précautions (comme toutes cartes d'ailleurs il s'agit d'une simplification de la réalité à un moment donné et jamais la réalité dans sa totalité).

(cliquez sur l'image pour l'agrandir)

Carte de répartition et de localisation des principaux groupes confessionnels au Liban

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Les origines de l'éclatement du liban sont multiples et ce sont affirmées au cours des années 1960-70 pour éclater au grand jour en 1975. La "neutralité" du Liban exprimée dans le "Pacte national" affirme "ni Orient, ni Occident" pour montrer que le pays entend garder une certaine neutralité dans ce qui se joue autour du pays.
Cependant, après le conflit de suez en 1956, l'Egypte en appelle à la "solidarité arabe" face à l'agression franco-britannique ("Campagne de Suez"). Cet appel place le Liban dans une situation délicate dans la mesure où pour beaucoup (notamment les communautés chrétiennes du Liban) les liens avec la France sont très importants, historiques, et la demande de Nasser de rompre ces liens est vécue comme un impossible déchirement. Le Président libanais Chamoun refuse d'aller jusqu'à la rupture. Ceci constitue un premier élément de déstabilisation.
En 1957, l'adhésion du Liban à la "doctrine Eisenhower" constitue un second coup dans le "Pacte national" dans la mesure où il s'agit de se ranger aux côtés de l'occident, notamment des Etats-Unis. Sans épouser les simples contours des différentes communautés religieuses, une opposition politique s'organise au Liban, notamment dans le Front d'Unité Nationale (F.U.N.) qui rassemble chrétiens et musulmans opposés à cette nouvelle remise en cause du "Pacte national".
L'arrivée massive de réfugiés et combattant palestiniens fuyants les combats et l'avancée des forces israéliennes en Palestine va aussi contribuer à déstabiliser les équilibres précaires du Liban. Des armes entrent en masse dans le pays, notamment sous l'impulsion de l'OLP qui utilise le Liban, principalement le sud, comme une base arrière depuis laquelle les palestiniens continuent leur lutte contre Israël. La présence des Palestiniens devient de plus en plus mal acceptée, l'OLP et ses combattants sont considérés comme un "Etat dans l'Etat". L'expression de "Fatah Land" exprime la présence en force des forces armée Palestiniennes, du Fatah notamment, le parti à la tête duquel est Yasser Arafat. Les tensions montent d'un cran au sein du Liban, entre les communautés qui le composent. Après l'épisode de "septembre noir" en 1970 où des combats ont lieu en Jordanie entre Palestiniens et Jordaniens, de nouvelles forces armées et civils palestiniens viennent trouver refuge au Liban.
Globalemant, le Liban va suivre les tensions qui s'exacerbent autour de lui entre Israéliens, Palestiniens, Syriens, Jordaniens et Egyptiens. L'ensemble du Proche-Orient s'enflamme et le Liban va être emporté malgré lui dans ce conflit. Ce petit pays va être le terrain de confrontation des différentes forces en présences, tant régionales qu'occidentales (France, Royaume-Uni, USA, URSS). C'est ce qu'exprime si bien Georges Corm lorsqu'il écrit : "Israéliens, Palestiniens, Soviétiques et Américains, Syriens et Iraniens, Français, Italiens, Britanniques, se heurteront tous sur ce petit bout de terre et embrigaderont une large partie de l’élite politique et intellectuelle des libanais dans leurs guerres gigognes." (Le Liban contemporain. Histoire et société. - 2003).
Le conflit va éclater véritablement en 1975, même si les tensions ont débuté dès 1973. Les différents groupes qui composent le Liban vont peu à peu se déchirer sous l'influence des pays extérieurs qui vont utiliser bien souvent des groupes armées et milices pour mener une guerre indirecte. Derrière chaque milice ou presque on retrouve les Etats arabes, occidentaux ou Israël, mais aussi l'OLP...
A partir de 1975, le Liban est littéralement éclaté en zones sous influence de milices, notamment de l'OLP encore très fortement armée à cette époque, des Phalanges chrétiennes, du Mouvement National Libanais.... C'est sous ce prétexte que les interventions extérieures vont se préciser, notamment avec la Syrie et Israël qui entrent au Liban. En 1982, le Hezbollah est créé sous l'influence de l'Iran et de la Syrie, en réponse à l'occupation israélienne qui occupe une bonne part du sud du Liban.

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1978-1982 : le début de l'invasion israélienne au Liban
 

La frontière du sud Liban et l'ensemble de la région du sud du Liban (le Djabal Amel) deviennent la zone d'affrontement depuis laquelle sont lancées les contre-offensives Palestiniennes de l'OLP. Puis, c'est une zone d'occupation durant plus de 20 ans par l'armée israélienne et sa milice supplétive l'Armée du Liban Sud (ALS). (Pour aller plus loin consultez la partie Travaux et publications).
Tout va commencer en 1978 avec " l'Opération Litani " (du nom du fleuve qui coule au sud du Liban). En réaction aux attaques de l'OLP qui continue de lutter pour la libération de la Palestine, Israël entend ainsi constituter une zone de sécurité le long de la frontière du nord d'Israël en occupant le sud Liban.
En 1982, une seconde offensive israélienne va poursuivre la logique d'engagement au Liban alors en pleine guerre civile. C'est l'Opération "Paix en Galilée". Alors qu'un cessez-le-feu avait été signé et respecté avec l'OLP depuis juin 1981, Menahem Begin, le Premier Ministre Israélien entend constituer une zone de sécurité d'environ 40 Km dans l'intérieur du territoire libanais tout le long de la frontière. Mais de projet "officiellement limité", cette opération prend des dimensions beaucoup plus importantes. Tsahal, l'armée israélienne remonte bien plus au nord, jusqu'aux portes de Beyrouth, la capitale libanaise. Israël envahit largement le Liban, déjà plongé au coeur d'une guerre civile meurtrière. Le Liban est littéralement livré à la loi de la guerre et éclaté entre les zones détenues par des milices libanaises, par des armées étrangères, syrienne et israélienne principalement. (Voir la carte des offensives israéliennes au Liban en 1978 et 1982 ).

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La bataille de Beyrouth (1982)
 

La bataille autour et dans Beyrouth va être particulièrement dure. Tsahal, l'armée israélienne, va rester aux portes de la ville tout en bombardant sans cesse la partie ouest de Beyrouth où Palestiniens et Mouvement National Libanais combattent côte à côte contre Tsahal et les milices des Phalangistes chrétiens. L'opération dure du début juin 1982 au 7 Août 1982, date de l'arrivée d'un médiateur américain, Philip Habib qui négocie le départ des forces palestiniennes de l'OLP sous protection d'une force internationale composée de soldats italiens et français.
Au cours de cette périodes les armes utilisées sur la ville de Beyrouth sont terribles : bombes à fragmentation, bombes au phosphore, napalm... L'ouest de la ville va être soumis à un déluge de feu durant toute cette période sans pour autant se rendre, la population restant prise au piège sans eau ni électricité. Plusieurs résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies témoignent de la situation sanitaire et inhumaine que vit la population civile de Beyrouth durant les mois de juillet et août 1982. L'accord entre américains, libanais et israéliens mettra fin au calvaire des libanais de Beyrouth. Le 30 Août 1982, les forces palestiniennes de l'OLP et leur chef Yasser Arafat quittent Beyrouth. Mais la guerre et ses horreurs ne sont pas terminées...

Sabra et Chatilla : massacre dans un camp palestinien
 

Après l'assassinat de Bachir Gemayel, le Président libanais, Ariel Sharon, général de l'armée israélienne et Ministre de la Défense entre dans Beyrouth le 15 septembre 1982. Bachir Gemayel est l'un des dirigeants des Phalanges chrétiennes, l'une des milices libanaises partie prenante des combats au Liban. Son assassinat va être vengé par les Phalanges chrétiennes à la tête desquelles se place Elie Hobeika. Les 16 et 17 septembre 1982, le général Ministre israélien de la défense Ariel Sharon laisse deux camps de civils palestiniens, réfugiés dans la banlieue de Beyrouth, être massacrés par la milice des phalanges chrétiennes.
Les Phalanges chrétiennes justifient par la suite ce massacre comme une réponse à l'assassinat de Béchir Gémayel, tué dans un attentat à la bombe. C'est aussi une réponse aux massacres perpétués entre 1976 et 1982 par les Palestiniens sur des populations chrétiennes libanaises. Ce fut le cas dans le village de Damour en janvier 1976 où 600 civils libanais (chrétiens) ont été tués par des forces armées palestiniennes. Le cycle de la vengeance aveugle, en pleine guerre civile, est en marche sous le regard des soldats israéliens...
L'OLP et les forces armées palestiniennes ayant été évacuées 15 jours auparavant, les civils palestiniens, hommes, femmes, enfants, sont systématiquement pourchassés et tués dans les ruelles des deux camps de réfugiés Sabra et Chatila. Plus aucune force armée suffisante ne peut défendre ces réfugiés palestiniens et libanais (musulmans) venus ici à la suite des conflits de 1948 et 1967 en Palestine. A ce jour, si la responsabilité d'Ariel Sharon est largement avancée dans ce crime de guerre, aucun jugement ni enquète n'ont établi officiellement les responsabilités. C'est dans ce bain de sang que se conclut l'opération israélienne à Beyrouth.
Les chiffres avancés sur le nombre de victimes de ce massacre oscillent entre 500 et 5000 morts, tués en 2 jours.
L'historienne Bayan Hout a mené de nombreuses recherches pour tenter de faire la lumière sur le nombre de victimes de ce massacre. De longues années lui ont été nécessaires pour mener à bien ce travail de mémoire. Ses décomptes sont de l'ordre de 906 tués de plusieurs nationalités (une douzaine environ), dont la moitié sont des Palestiniens... elle comptabilise également 484 disparus, dont 100 ont été sûrement enlevés. Soit un chiffre global de 1 490 victimes identifiées.

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Le sud liban, zone d'occupation et de conflit
 

A partir de 1985, Israël replie ses troupes depuis Beyrouth jusqu'au sud du Liban, où elles restent et commencent une occupation qui va durer plus de 22 ans. La zone occupée depuis 1978 va très vite se révéler difficile à maintenir sous l'ordre de l'armée israélienne. La topographie du Djabal Aamel combinée à la volonté d'indépendance et de liberté des libanais vont très vite rendre l'occupation couteuse en hommes et en moyens matériels pour Israël. Les conséquences diplomatiques sont aussi désastreuses pour Israël. Afin de mieux contrôler cet espace du sud Liban et la population libanaise qui peuple la région sud, Israël va avoir recours dès 1978 à des forces supplétives "l'Armée du Liban Libre" qui devient l'Armée du Liban Sud (ALS) par la suite.
L'Armée du Liban Sud est une milice armée, financée et entraînée par Israël. Avec l'armée israélienne, ces deux forces vont tenter de maintenir le contrôle sur l'ensemble de la population libanaise majoritairement musulmane, à l'exception de quelques villages chrétiens maronites. Ceci se fait au prix de combats et diverses opérations meurtrières dont les civils libanais paient là aussi le prix fort. Israël va jusqu'à placer des antennes du Ministère de l'intérieur israélien à Nabatiyé et Saïda, ainsi que de nombreux centres de détention et d'interrogatoire, comme à Bent-Jbeil, le camp d'Ansar ou à la prison de Khiam (ouvert en 1985). Les opposants politiques ou combattants armés libanais y sont souvent internés, interrogés, la torture y est commise...
Face à cette politique d'occupation, les forces de résistance libanaises se structurent et se renforcent. Le Aamal et surtout le Hezbollah (armé par l'Iran et la Syrie) représentent les contre-pouvoirs à l'occupation israélienne. Une véritable guerilla se déroule sous les yeux d'une force internationale de la paix, la FINUL, bien souvent impuissante ou prise entre les deux feux. Le massacre du camp de réfugié de Qana sous l'égide de l'ONU illustre cette situation où même une zone sous protection de la FINUL n'est pas respectée.
Dans tout le sud, les ambuscades répondent aux opérations de représailles menées par l'ALS et Tsahal. La population reste sous cette occupation jusqu'en mai 2000, date du retrait soudain (en une nuit !) de l'ensemble des forces armées israéliennes. Le Hezbollah libanais prend alors possession des anciennes places fortes de l'occupant. Dans les premiers jours suivant le retrait, les membres de l'ALS qui n'ont pas été autorisés à se réfugier en Israël (ou qui n'ont pas eu le temps) sont poursuivis, arrêtés ou tués sans autre forme de jugement. On estime qu'environ 7000 membres (et leur famille) de l'ALS ont fui en Israël lors du retrait, les autres ont subi les règlements de compte après 20 ans d'occupation et de collaboration avec Israël. Par la suite, les arrestations de membre de l'ALS donne lieu à des jugements et des condamnations à de la prison.



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1996 : Opération "Raisin de la colère"
 

L'opération "Raisin de la colère" est déclenchée par Israël en avril 1996, en réponse aux attaques du Hezbollah tant au sud Liban où les pertes s'accentuent qu'au Nord d'Israël où les tirs de roquettes Katuichas tuent des civils israéliens. L'attaque de la ville de Qiriyat Shemona au nord d'Israël va déclencher l'offensive.
L'armée israélienne lance entre le 11 avril et le 27 avril 1996 toute une série d'attaques sur le sud Liban et bombarde massivement les positions réelles ou supposées du Hezbollah et de la résistance libanaise. Le sud Liban est toujours occupé par Israël et l'ALS. Le but est de porter un coup très dur, voire décisif, au Hezbollah et de détruire ainsi la résistance à l'occupation.
Le 18 avril 1996, au cours d'un bombardement, l'artillerie israélienne bombarde un camp de réfugiés des Nations Unies à Qana (ou Cana), prétextant une erreur de tir. Le bilan de ce massacre du camp situé près de la ville de Qana est dramatique : 104 civils désarmés sont tués et plusieurs dizaines de blessés sont comptabilisés. Les casques bleus comptent aussi parmi les victimes. Un film amateur tourné durant l'attaque par un soldat de l'ONU confirme que l'attaque israélienne semble délibérée et ne constitue en rien une "erreur de tir" comme le déclare alors le gouvernement israélien. Cette vidéo n'a pas été prise en compte dans l'enquète qui s'en suit.
L'opération "Raisin de la colère" n'a pas apporté les résultats escomptés. De plus, avec ce nouveau massacre de civils, Israël n'a fait que renforcer la haine et la détermination de la résistance libanaise, notamment dans les rangs du Hezbollah.


Les fermes de Chebaa, dernière zone occupée...
 

Le Hezbollah sort de cette période avec l'image de la force de libération du sud Liban. Seule la zone des fermes de Chebaa à l'est vers le Golan reste à ce jour encore occupée par Israël. Les fermes de Chebaa représentent une zone d'environ 27 Km² où sont réparties 14 fermes. Ces fermes se situent juste au sud de la ville libanaise de Chebaa accrochée le long des flancs du Mont Hermon. Cette zone est un point chaud de la frontière où le Hezbollah continue de mener des offensives et des attaques et où les tensions demeurent. Le Liban n'a de cesse de demander officiellement l'évacuation par Israël de cette zone, mais l'Etat hébreu s'y refuse. Ce refus maintien donc une zone de conflit au niveau de la frontière. Bien souvent la situation des fermes de Chebaa constitue la source d'échange de tirs et de représailles entre le Hezbollah et l'armée israélienne.
La confusion de cette zone est au coeur des tensions entre Israël, le Liban et la Syrie. Il faut en effet savoir que l'ONU considère que ces hameaux ne font pas partie du Liban mais de la Syrie. Ce qui justifie selon Israël que le Liban n'a aucun droit sur cette zone. Israël qui occupe le plateau du Golan depuis la guerre de 1967 ne veut pas rendre ces territoires conquis. La Syrie quant à elle demande la rétrocession du Golan toujours occupé militairement par les israéliens et où sont aussi implantées des colonies juives (voir cette carte du plateau du Golan).
Les fermes de Chebaa restent ainsi occupées, Israël profitant en quelque sorte de leur statut complexe. Néanmoins le Liban a depuis longtemps considéré ces fermes comme libanaises. Le pacte gouvernemental qui s'est instauré au lendemain des dernières élections (après l'assassinat de Raffic Hariri) a pour projet d'obtenir la souveraineté libanaise sur ces hameaux et cela de manière effective. En tout état de cause, même si ces fermes n'étaient pas "libanaises" elles seraient "syriennes" et en aucun cas "israéliennes". Là encore l'occupation génère au moins autant de violence et de ressentiment chez les libanais ou les syriens, qu'elle n'accorde de sécurité à Israël...

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Aujourd'hui encore l'espace frontalier porte les stigmates du conflit et matérialise la nature fermée des relations entre libanais et israéliens. La matérialité de la frontière permet d'illustrer la nature et la forme des relations frontalières actuelles. (voir les photographies de la frontière du sud Liban).
Les relations frontalières au niveau de cette frontière sont donc marquées par le conflit, par les divisions identitaires, par l'occupation qui matérialisent et rassemblent les strates complexes des rapports sociaux de la région. A plusieurs reprises au cours des dernières années, des embrasements de violence se sont produits le long de cette frontière. Israël viole régulièrement l'espace aérien libanais pour mener des représailles contre le Hezbollah qui continue régulièrement à harceler les villes du nord d'Israël et ses habitants en tirant des roquettes Katiouchas. Les fermes de Chebaa, toujours occupées par l'armée israélienne, représentent l'un des points les plus chauds, mais aussi le prétexte avancé par le Hezbollah pour continuer les attaques vers Israël.
Depuis le 12 juillet 2006, la région du sud liban est à nouveau sous le feu comme l'ensemble du Liban. En réponse aux enlèvements de deux de ses soldats par le Hezbollah, Israël mène toute une série de raids et de bombardements en réprésaille sur l'ensemble du Liban. Officiellement, le but est de détruire le Hezbollah afin d'assurer la sécurité du nord d'Israël, mais sur le terrain le bilan humain chez les civils libanais et les destructions gomment la volonté légitime d'Israël de faire cesser les tirs de roquettes du Hezbollah. Le nombre de morts et de blessés est estimé au 12 août 2006 à plus de 1100 libanais tués, des milliers de blessés et environ 1 million de personnes ayant fui les bombardements.
Israël dénombre de son côté 120 civils et 110 soldats tués lors des combats ainsi que plusieurs dizaines de blessés. Les civils israéliens (juifs et arabes) continuent de vivre dans la peur. Les roquettes du Hezbollah continuent de s'abattre sur les villes du nord d'Israël. Les bombardements de l'armée israélienne eux continuent de détruire le Liban et de tuer une majorité de civils. Les casques bleus n'échappent pas aux tirs. 4 soldats de la FINUL ont été visés - délibérément ? - par l'artillerie et les chasseurs israéliens dans leur poste d'observation situé près de la ville libanaise de Khiam. Pendant ce temps le Hezbollah continue de représenter une menace pour la sécurité d'Israël et le Liban s'enfonce... Voici une carte du Liban sud des zones soumises aux bombardements et incursions terrestres de l'armée israélienne (aux environs du 23 juillet) pour s'attaquer aux combattants du Hezbollah qui harcellent le nord d'Israël. La région de Bent Jbeil que je connais bien pour y avoir mené des recherches de terrain constitue un des lieux de combat les plus rudes.
Le 12 août 2006, la résolution 1701 vient enfin faire entendre la voix d'un cessez-le-feu après un mois de guerre totale.

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Chronologie rapide des conflits au Liban
 

La Guerre Civile du Liban va durer de 1975 à 1990. Au cours de cette période, les morts, les destructions et retournements de situation se succèdent à un rythme parfois très rapide. Depuis 1975 voici quelques unes des dates clés permettant de comprendre les évolutions au Liban, notamment les moments de crise et de conflit avec ses voisins israélien et syrien.

1975 : début de la guerre civile, 10.000 morts.
1976 : Entrée au Liban des troupes syriennes.
1978 : Les Israéliens envahissent le sud Liban ("Opération Litani") répondant à l'envahissement syrien et aux attaques de l'OLP depuis le Liban.
1981 : (4 septembre) Assassinat à Beyrouth de l'ambassadeur de France au Liban.
1982 : Invasion et occupation israélienne ("Paix en Galilée"), 20.000 tués dont une majorité de civils.
1984 : Bataille de Beyrouth-Ouest.
1984 : (25 mars) Début du retrait des troupes françaises du Liban.
1989 : Signature des Accords de Taëf.
1989-90 : Contre offensive menée par le général Aoun.
1990-92 : La "paix" devient effective après plus de 15 ans de guerre.
1996 : Opération israélienne "Raisin de la colère" qui se solde par le massacre du camp de réfugiés de l'ONU à Qana (ou Cana) au sud Liban.
2000 : Retrait des troupes israéliennes du Sud Liban après plus de 20 ans d'occupation (A l'exception de la zone des fermes de Chebaa, non loin du Golan). Le Hezbollah est pour une part importante dans la résistance à l'occupation. C'est une force militaire, politique et sociale omniprésente au sud du Liban, dans la plaine de la Bekka et à Beyrouth.
2005 : (14 février) Assassinat à Beyrouth de Rafiq Hariri, homme d'Etat libanais (musulman sunnite), qui dirige 5 gouvernements au Liban entre 1992 et 2004.
2005 : (fin avril) Départ de la totalité des troupes syriennes au Liban, après 29 ans de présence sur le territoire libanais.
2006 (juillet) : Offensive israélienne au Liban pour combattre le Hezbollah qui a enlevé 2 soldats israéliens et harcèle les civils israéliens vivant au nord d'Israël. Tout le Liban est soumis à des bombardements intensifs qui détruisent l'ensemble des infrastructures du pays et qui tuent plus de 1100 civils et poussent environ 1 million personnes sur les routes pour fuir les bombardements.

Carte du Liban et d'Israël
 

(cliquez sur l'image pour l'agrandir)

Carte du Liban et Israël - (Fabien Guillot - www.geographie-sociale.org)
Les principales résolutions de l'ONU concernant le Liban
Résolution Date Description Type
1852

16 décembre 2008

Mise en place du Tribunal spécial pour le Liban (« le Tribunal »)pour mener l'enquête internationale sur l'assassinat de Rafiq Hariri. Le tribunaldevrait commencer à fonctionner le 1er mars 2009

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1701

12 août 2006

Arrêt des opérations militaires au Liban, instauration d'un cessez-le-feu, déploiement d'une force de l'ONU de 15 000 hommes

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1614

29 juillet 2005

Rappel la validité de la "Ligne bleue" et inquiétudes pour l'instabilité sur cette ligne où perdure des tensions

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1559

2 septembre 2004

Rappel du principe de souveraineté du Liban et inquiétude face à la persistance de la présence de milices armées au Liban

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1223

28 janvier 1999

Prorogation du mandat de la FINUL, soutien le principe de la souveraineté du gouvernement libanais sur son territoire national

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521

19 septembre 1982

Condamnation des massacres de civils palestiniens à Beyrouth (dans les camps de réfugiés palestiniens de Sabra et chatila)

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520

17 septembre 1982

Condamnation de l'assassinat du Président libanais Béchir Gemayel et des incursions israéliennes dans Beyrouth

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518

12 août 1982

Sur la situation à Beyrouth du fait des activités militaires israéliennes autour et dans la ville

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517

4 août 1982

Blame envers Israël quand aux conséquences de l'invasion de Beyrouth par ses forces armées

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516

1er août 1982

Instauration d'un cessez-le-feu au Liban et sur la frontière entre le Liban et Israël

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515

29 juillet 1982

Exige d'Israël la levée immédiate du blocus sur la ville de Beyrouth

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513

4 juillet 1982

Demande que les droits des populations civiles libanaises soient respectés

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426

19 mars 1978

Création et envoi d'observateurs de l'ONU et d'une force d'interposition : la FINUL

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425

19 mars 1978

Demande l'arrêt des opérations militaires israéliennes au Liban

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Photographies de la frontière du sud Liban et d'Israël
 

Frontière entre Israël et le Liban (Photo prise au sud Liban en novembre 2001)

La photographie : élément d'analyse et d'illustration des frontières et des relations...

L'espace frontalier du Liban et d'Israël matérialise la tension et la nature des relations frontalières entre ces deux pays. L'espace devient le support de divers symboles, marques et empreintes qui permettent de rendre visible la confrontation et le conflit direct ou sous-jacent entre Etats, groupes sociaux et populations...
Le paysage frontalier est littéralement découpé par la ligne frontalière que les grillages, barbelés, murs, chemins de rondes, blocs de béton... matérialisent.
La frontière fait figure de marque visible donnant matérialité aux rapports sociaux conflictuels produits au cours des 30 dernières années dans le cadre des conflits israélo-arabes.

Frontière du Liban et d'Israël - Bloc de béton

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Frontière du sud Liban avec Israël

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