
Palestine / Israël : 1947-1949 la guerre d'indépendance
La guerre d'Indépendance est aussi appelée par les israéliens Guerre de Libération. Pour les armées arabes, il s'agit de la "Naqba" que l'on pourrait traduire par l'anéantissement. Ce terme traduit la situation des armées arabes au lendemain de cette guerre qui va opposer Israël à peine proclamé à l'ensemble des armées arabes de ses voisins (Egypte, Jordanie, Syrie, Liban) mais aussi Irak. Cette guerre débute fin novembre 1947 et s'achève en juillet 1949. Elle marque le début d'un long combat entre peuples juif et arabe.
La guerre peut se décomposer en deux périodes distinctes
La première période commence dès le lendemain de l'adoption du Plan de Partition de la Palestine par l'Assemblée générale de l'ONU (voir résolution 181 du 29 novembre 1947 de l'ONU), le 30 novembre 1947 et s'achève le 15 mai 1948, le dernier jour du Mandat britannique.
La seconde période commence le dernier jour du Mandat britannique et prend fin le 20 juillet 1949, avec la signature du dernier des Accords d'Armistice avec la Syrie, qui a combattu jusqu'au bout les force armées israéliennes.
Au cours de la première période de la guerre, le Yishouv et son armée - la Haganah - ont été attaqués par les Arabes palestiniens soutenus par des volontaires de pays arabes voisins. Ces derniers refusent catégoriquement le Plan de partition proposé par les Nations Unies qui établit officiellement la création d'un Etat pour les juifs en Palestine, mais qui prévoyait également la création d'un Etat pour les Palestiniens et un statut spécial pour la ville de Jérusalem (Corpus Separatum) comme c'est clairement stipulé dans la résolution 181.
Le 14 mai 1948, la veille de la fin du Mandat britannique sur la Palestine, le Conseil National s'est réuni dans le musée de Tel-Aviv et a approuvé la proclamation de l'Indépendance de l'Etat d'Israël. C'est David Ben gourion qui lit la déclaration d'indépendance de l'Etat d'Israël signée par les trente-sept membres du Conseil provisoire. La proclamation doit prendre effet à minuit, après que tous les soldats britanniques aient quitté le sol de Palestine. Dans la nuit du 14 au 15 Mai 1948, Tel-Aviv est déjà bombardée par les avions égyptiens...
C'est ainsi qu'a débuté la seconde phase de la Guerre d'Indépendance, au cours de laquelle les armées régulières de cinq pays arabes ont envahi le nouvel Etat, soit les armées du Liban, de Syrie, d'Irak, de Jordanie et d'Egypte, qui ont envahi la Palestine (l'Arabie Saoudite a envoyé une unité pour combattre sous commandement égyptien; le Yémen se considérait en guerre avec Israël mais n'a pas envoyé de troupes). La situation de l'Etat israélien à peine proclamé est déjà dans une situation critique.
Premier bilan de cette guerre d'indépendance
La Guerre d'Indépendance a duré plus de 13 mois. Israël a payé un lourd tribut avec 4000 soldats et 2000 civils tués (soit environ 1 % de la popualtion juive à cette époque). Le coût financier a été lourd également. Cependant, l'Etat d'Israël sort renforcé de ce premier conflit, et cela en bien des points : l'Etat israélien est désormais un fait établi. Il occupe un territoire de près de 20 792 km² alors que le Plan de partition de l'ONU prévoyait une superficie de 16 114 km². La bataille pour la terre ne fait que commencer... Les Palestiniens eux ressortent, au même titre que l'ensemble des nations arabes engagées dans ce premier conflit, affaiblis et humiliés. C'est ce qu'on appelle côté Palestinien la Nakba - la catastrophe - qui est symbolisé par une défaite cuisante des armées arabes et par l'exode de plusieurs dizaines de milliers d'habitants arabes des zones passées sous contrôle des forces armées juives. Cette situation à longtemps donné lieu a un débat sur les causes qui expliquent cette fuite massive des populations arabes. Des historiens israéliens tels que Tom Segev, Ilan Pape ou encore Benny Morris, dont les travaux récents ont permis de remettre en cause la version officielle jusque-là présentée pour expliquer ces exodes montrent qu'il n'y a pas de trace des appels des pays arabes à fuir, comme l'a affirmé officiellement l'Etat d'Israël. Selon ces historiens qui ont effectué des recherches dans de nombreuses archives et qui ont recueilli des témoignages, ce sont plus surement des exactions commises par des troupes armées de la Hagana, des commandos Palmach ou encore de groupes nationalistes comme l'Irgoun et le Lehi (qui n'hésitaient pas à user du terrorisme pour parvenir à leur fin) qui explique cet exode, motivé par la peur d'être massacré comme ce fût le cas dans le village de Deir Yassin situé alors à 5 km à l'ouest de Jérusalem.
Dans ce contexte de déroute militaire et d'exode massif de populations arabes, toute une série d'Accords d'armistice bilatéraux sont signés à l'issue de cette première guerre israélo-arabe. En février 1949, entre Israël et l'Egypte, en mars 1949 entre le Liban et Israël, en avril 1949 entre la Jordanie et Israël et en Juillet 1949 avec la Syrie. Plusieurs contre-parties et arrangements sont prévus après ces longues négociations :
L'Egypte se voit obligée de se retirer sur ses anciennes frontières, mais garde le contrôle de la bande de Gaza. Israël quant à lui, garde l'ensemble de la région sud du Néguev jusqu'à la frontière avec le Sinaï égyptien.
Au nord d'Israël, à la frontière avec le Liban, les troupes israéliennes se retirent des zones qu'elles occupent au Liban et la frontière suit la ligne de démarcation le long de l'ancienne frontière.
A l'est, la Jordanie (ou Transjordanie) occupe toute la région de la Judée-Samarie que l'on appelle la Cisjordanie. La Jordanie garde aussi le contrôle de la ville de Jérusalem qui fait partie intégrante de la zone occupée par les troupes jordaniennes. La Syrie enfin, doit se retirer derrière la ligne de frontière Syro-palestinienne comme avant le début du conflit.
Toutes ces modifications laissent percevoir un élément : les palestiniens disparaissent quasiment de la carte, tout au moins du "jeu politique" et leur Etat ne peut devenir réalité. L'historien israélien Avi Shlaïm mettra en lumière longtemps après la rencontre qui avait eu lieu le 17 novembre 1947 entre Golda Meir (future Premier ministre) et le roi Abdallah 1er de Jordanie, au cours de laquelle un accord tacite avait été conclu en prévision du partage. La Jordanie qui possédait alors la seule véritable armée, équipée et entrainée par la britannique, pouvait représenter une menace pour Israël à cette époque, l'idée était donc de proposer la Cisjordanie à la Jordanie en échange de quoi, les troupes jordaniennes s'engagent à ne pas envahir le territoire normalement prévu pour l'Etat israélien. Au sortir de la guerre, la Cisjordanie est annexée et rattachée de fait à la Jordanie (ou Transjordanie), la bande de Gaza est placée sous autorité de l'Egypte. Israël élargit encore sa superficie et renforce son implantation en Palestine, mais Jérusalem est perdu, le siège de Jérusalem reste une bataille très dure pour les forces israéliennes confrontées aux armées jordaniennes. La vieille ville de Jérusalem et le mur des lamentations est perdu (il faudra attendre la victoire de 1967, pour que les israéliens y accèdent à nouveau), les frontières restent fragiles et difficilement défendables en l'état.
Si le Gouvernement israélien considère ces Accords comme de fait des pactes de non-agression entre eux et les puissances arabes, il n'en est pas de même chez les Gouvernements arabes qui entendent bien poursuivre la lutte, n'acceptant pas l'existence même de l'Etat israélien.